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  • Vincent ZAMPARO

A propos des protocoles

Dernière mise à jour : 29 mars 2020

On parle souvent de protocoles en Hypnose, un protocole pour le tabac, un protocole pour les phobies, un protocole pour le poids, un protocole pour l'angoisse etc...


Dans beaucoup d'écoles, ces textes préformatés représentent la base de l'enseignement. Les élèves passent leur temps à apprendre par coeur des séquences considérant qu'il faut absolument dire telle chose avant telle autre et utiliser tel mot pour obtenir le résultat escompté sinon cela ne marchera pas et le praticien ne pourra s'en vouloir qu'à lui!


Vous avez compris, je ne partage pas forcément cette vision de l'accompagnement par l'hypnose. Cela représente même, pour moi, la principale incohérence de la façon d'aborder l'aide profonde que nous pouvons apporter avec cet outil.


Prenons, pour exemple, des séances de gestion du stress ou bien de relaxation. Nous avons tendance à respecter des protocoles quasi "ancestraux" (Sophronisation de base, training autogène de Schultz, relaxation progressive de Jacobson etc...) et il faut avouer qu'effectivement d'une manière générale cela permet de détendre et relaxer d'une manière individuelle ou collective bon nombre de personnes. Mais, interrogeons nous plus avant!

Si ces "protocoles" sont si stricts et efficaces pourquoi ne fonctionnent-ils pas à tous les coups. Pourquoi chaque personne n'arrive pas à ressentir la douce chaleur et la lourdeur des membres lors d'un "Schultz", pourquoi chaque personne n'arrive pas à se projeter dans un lieu ressource, pourquoi chaque personne n'arrive pas à imaginer "le doux contact du vent sur son visage en entendant les bruits des vagues et en ressentant la chaleur du soleil..." si ces protocoles sont si universel?

Peut être parce que chacun d'entre nous a un parcours différent, que notre rapport aux sensations, à l'imagination, à la projection, aux images, à la mer n'est pas le même que celui du voisin. Peut-être que, parce que j'ai toujours les jambes lourdes et chaudes, la sensation de détente et de relaxation dans cette partie du corps sera pour moi la légèreté et la fraîcheur. Peut-être que le fait d'avoir failli me noyer à l'âge de cinq ans ne me permet pas d'apprécier le bruit des vagues et l'image de la plage...


On voit donc bien que même avec un protocole qui semble anodin on peut rater son coup et même pire, créer de l'inconfort notoire à certaines personnes. C'est le risque à connaitre, à cerner et la vigilance à avoir lorsqu'on les utilise en individuel ou en groupe!

Cela ne doit cependant pas nous dissuader d'en faire usage pour les faire découvrir et vivre à ceux qui peuvent en tirer des bénéfices, il faut juste être prudent et attentif aux réactions.


Allons plus loin avec l'exemple de quelqu'un qui voudrait arrêter de fumer grâce à l'hypnose (ce qui est une demande courante alors que c'est loin d'être l'utilité principale de l'hypnose soit dit en passant).

Beaucoup d'hypno-praticiens utilisent des protocoles et/ou des métaphores pour inciter les ressources inconscientes du client à se dégoûter de la cigarette. Beaucoup d'écoles enseignent à leurs élèves qu'ils doivent considérer tous les fumeurs de la même manière c'est à dire, les faire parler de leurs motivations pour arrêter, les faire parler des bénéfices secondaires à ne pas arrêter, leur demander ce qui les dégoûte le plus dans la vie. Avec tout cela le praticien construit une métaphore et applique un protocole du style, induction, approfondissement de la transe, développement de la métaphore pour dégoût de la cigarette et réveil! Parfait, taux de réussite annoncé par certains : 80%

Et bien sûr les praticiens (formés uniquement à cela) vous diront : "C'est de l'hypnose Ericksonienne, c'est doux, tout en suggestions indirectes et il n'y a pas de risque au pire ça ne marche pas!"


Là je ne suis plus d'accord. Décortiquons si vous le voulez bien...

En premier lieu interrogeons nous sérieusement : "La cigarette est-elle une cause ou une conséquence?".

Tous ceux qui pratiqueront la façon de faire décrite précédemment doivent forcément considérer que c'est une cause. C'est la cause de leur mauvaise santé, c'est la cause de leur dépendance, c'est la cause de leur comportement compulsif.... C'est pour cela qu'ils déterminent ce qu'il y a de mieux (TRES SUBJECTIVEMENT) pour la personne accompagnée, à savoir arrêter absolument de fumer en organisant tout dans l'inconscient pour qu'ils ne puissent plus jamais toucher à une cigarette!

En prenant un peu de recul, la médecine aujourd'hui explique bien que la cigarette en elle même n'est pas la cause et la source de addiction mais juste un moyen par lequel elle s'exprime... La cigarette EST donc une conséquence!

Qu'arrive-t-il alors quand on coupe une conséquence sans se préoccuper de la cause?

Vous avez mal à la tête vous prenez du paracétamol, cela stop quasi instantanément le mal de tête, avez vous agit cependant sur ce qui a généré le mal de tête? Si celui ci correspondait à un rhume naissant, le rhume va être traité par l'organisme et vous continuerez de prendre du paracétamol jusqu'à ce que le rhume soit vaincu par votre corps. Si le mal de tête était lié à la fatigue et que vous profitez du moment où le paracétamol fait effet pour en faire encore deux fois plus alors le mal de tête reviendra deux fois plus fort dans quelques heures. Si le mal de tête était le symptôme d'un AVC alors vous perdez de précieuses minutes dans le traitement de celui ci en masquant le symptôme et l'issue sera même peut être fatale...

Et bien, lorsqu'on arrête de fumer par un protocole sans aller explorer les CAUSES des mécanisme de notre addiction c'est exactement ce qui se passe!

On coupe une conséquence et on risque de la voir revenir, de la voir s'amplifier, de la voir se transformer en autre chose (Super je ne fume plus! Bon ok j'ai pris 20 kilos et je ne peux plus me passer de mes deux whisky quotidiens.... mais je ne fume plus!).

Alors il faudrait mettre à l'épreuve le taux de réussite de 80% au regard des rechutes et des transferts de symptômes générés...


Au travers de ce texte, de ces exemples, je souhaite vous faire prendre conscience du danger potentiel de ne pas considérer que chaque personne est unique. Nous ne pouvons pas prendre pour point d'entrée un symptôme sans s'occuper des causes. Et derrière un même symptôme on peut trouver de multiples causes, des différentes pour chacun, des causes cumulées, des causes qui peuvent se traverser et des causes qui doivent se compenser etc....


L'humain doit être accompagné dans son individualité avec son parcours, son hérédité, ses traumatismes, son éducation, ses croyances etc... et non comme une case dans un tableau!


Chez moi, pas de protocole, mais une recherche systématique des causes du comportement ou du trouble. Cela demande du courage pour le client, mais c'est, il me semble, le seul moyen de véritablement CHANGER sans remplacer un comportement par un autre peut être encore plus nocif.


Vincent ZAMPARO



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